LA CONTROVERSE DES SUCRES AJOUTÉS
Compte tenu de l'intérêt croissant du public à obtenir davantage d'informations sur la teneur en sucres des aliments ainsi que des préoccupations en matière de santé publique, des changements ont été proposés pour une amélioration à l’étiquetage nutritionnel.
En 2014, Santé Canada publiait les Modifications proposées aux principaux nutriments déclarés dans le tableau canadien de la valeur nutritive. Ces propositions de changements à la réglementation avaient pour but de simplifier et d’améliorer l'information nutritionnelle partagée avec les consommateurs canadiens :
- Introduire un pourcentage de la valeur quotidienne (% VQ) pour les sucres totaux basé sur 100 grammes pour un régime de 2000 calories.
- Au tableau, inclure la déclaration de « sucres ajoutés » sous les glucides.
- Dans la liste d’ingrédients, regrouper tous les ingrédients à base de sucres sous une seule catégorie appelée « sucres ».
Cependant, voici les changements obligatoires qui devront être respectés par l'industrie alimentaire avant 2022.
Quels sont les nouveaux règlements concernant l'étiquetage du sucre au Canada?
Le tableau de la valeur nutritive aura un % de la VQ pour les sucres totaux (ce qui comprend les sucres ajoutés et les sucres naturellement présents) pour aider les consommateurs à comprendre si un produit contient un peu (moins de 5 %) ou beaucoup (plus de 15 %) du sucre total basé sur un régime de référence de 2000 calories.
De plus, tous les ingrédients à base de sucres seront regroupés en une seule catégorie dans la liste d’ingrédients. L'objectif est d'aider à clarifier la quantité de sucres réellement ajoutée aux aliments. En fait, l'industrie agroalimentaire peut être trompeuse en ce qui concerne les sucres ajoutés. Ces derniers peuvent porter différents noms, ce qui facilite leur dispersion dans la liste d’ingrédients, faisant ainsi croire aux consommateurs que la quantité totale de sucres ajoutés est beaucoup plus faible qu’elle ne l’est en réalité.
Étonnamment, la déclaration des « sucres ajoutés » ne fait pas partie du nouveau règlement sur l'étiquetage des aliments au Canada. Pourquoi ce changement proposé précédemment a-t-il été ignoré? Santé Canada craint que la présence de cette catégorie puisse étayer l'idée erronée que les sucres ajoutés sont différents des sucres naturels sur le plan nutritionnel. De plus, comme il n'existe pas de méthode analytique distincte pour mesurer ces valeurs séparément, il serait difficile de distinguer les sucres ajoutés des sucres totaux dans un produit alimentaire. Ceci étant dit, il faudrait se fier aux quantités indiquées par le fabricant, limitant ainsi la fiabilité de cette valeur.
Que sont les sucres ajoutés?
De façon simplifiée, les glucides peuvent être catégorisés ainsi : l’amidon et le sucre. Les sucres sont des glucides simples (appelés monosaccharides ou disaccharides) comme le glucose, le fructose, le galactose, le maltose, le saccharose, le lactose, etc. Ils sont naturellement présents dans certains aliments comme les fruits, les légumes et les produits laitiers non sucrés. En ce qui concerne les aliments transformés, il faut garder en tête que s'ils ne contiennent pas de fruits ni de produits laitiers, tous les sucres proviennent alors de sources ajoutées.
Divers sucres sont ajoutés lors de processus de fabrication, cuisson et préparation d’aliments pour des raisons reliées au goût, à la texture, à la couleur et à la conservation. Ainsi, les sucres sont parfois essentiels à la qualité du produit, et même, à la sécurité alimentaire. Les sucres comme le miel et le sirop d'érable peuvent être considérés comme des « sources naturelles », mais ils ne sont pas différents des autres types de sucres ajoutés. En effet, ils contiennent le même nombre de calories et très peu de vitamines et de minéraux. Dans l’alimentation des Canadiens, les principales sources de sucres ajoutés sont les boissons sucrées, y compris les boissons gazeuses, pour sportifs et énergétiques, les laits aromatisés et les boissons végétales sucrées, les jus ainsi que les eaux sucrées, les thés et les cafés. Les aliments emballés comme les céréales, les sauces, les desserts, les pâtisseries, le pain, les barres granola et les bonbons font également grimper l’apport en sucres des Canadiens.
Différents noms des sucres ajoutés |
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Les sucres ajoutés sont-ils préoccupants pour la santé?
Les glucides, y compris les sucres, sont essentiels au bon fonctionnement du corps. Une fois ingérés, ils sont métabolisés sous leur forme la plus simple, le glucose, le carburant préféré du cerveau. Il est recommandé de consommer au moins 130 g de glucides par jour et ceux-ci devraient représenter entre 45 % et 65 % de notre alimentation. Les aliments riches en glucides apportent de l'énergie, des fibres et de nombreuses vitamines et minéraux essentiels à notre alimentation.
Les sucres ajoutés ne sont pas « mauvais » en soi. Sur une base moléculaire, ils sont décomposés et absorbés dans l'intestin de la même manière que les sucres naturels. Ce sont leur omniprésence dans les aliments transformés qui peut avoir des effets néfastes sur la santé. Certes, les fruits contiennent du fructose et le lait du lactose. Néanmoins, ces quantités sont significativement moindres que lorsqu’on opte pour des biscuits préparés avec des solides de sirop de maïs, ou encore, pour des boissons gazeuses à base de sirop de fructose. Les données probantes suggèrent que ce sont ces quantités excessives de sucres, notamment le fructose que l'on trouve dans le saccharose et d'autres sirops à base de maïs, qui peuvent entraîner la prise de masse adipeuse, et ainsi, des troubles métaboliques tels l'obésité, le diabète, les maladies cardiaques, et également, des caries dentaires.
Quelles sont les recommandations actuelles pour l'apport en sucres ajoutés?
Selon l’Enquête sur la santé dans les collectivités canadiennes (ESCC) dirigée par Statistique Canada en 2015, les adultes consomment en moyenne 47,5 g de sucres libres (sucres ajoutés et sucres naturellement présents dans le miel, les sirops et les jus de fruits) soit 9,9 % des calories totales chaque jour. Prendre note que ces données sont un bref aperçu d’une seule journée d’alimentation et excluent les enfants, les personnes vivant dans les réserves autochtones, les membres des Forces canadiennes ainsi que ceux vivant en institutions.
La recommandation canadienne est de limiter les sucres totaux (sucres naturels et ajoutés) à 20 % des calories consommées, ce qui représente 100 g pour un régime de 2000 calories. Ce 100 g est assez flexible et modeste si on le compare aux recommandations de l’American Heart Association et ceux de l'Organisation mondiale de la santé (OMS) qui proposent de limiter la quantité de sucres ajoutés à moins de 100 calories par jour pour les femmes et 150 calories par jour pour les hommes (soit 25 g à 38 g de sucres par jour) et de limiter l'apport en sucres libres à moins de 10 % des calories totales. Ces recommandations sont basées sur les données épidémiologiques actuelles.
Mon avis!
Je crois que la suggestion initiale d’inclure la quantité de « sucres ajoutés » au tableau de la valeur nutritive répondrait à l'intérêt du consommateur...et aux préoccupations des spécialistes de la nutrition. Après tout, le Food and Drug Administration (FDA) a bien rendu obligatoire l'inscription des « sucres totaux » et des « sucres ajoutés » sur les étiquettes alimentaires américaines. Cette initiative semble donc être tout à fait réaliste! Cet ajout pourrait également pousser l'industrie agroalimentaire à se renouveler, craignant que les consommateurs puissent perdre l’intérêt envers des produits trop sucrés.
L’idée n'est pas de couper, à tout prix, les sucres ajoutés de sa diète. Seulement, le fait d’être informé de leur présence simplement d’un coup d'œil pourrait inciter la population à limiter certains aliments hautement transformés!
Vous consommez trop de sucres et souhaitez améliorer votre alimentation?
Appelez-nous au 1 877 761-5456, une nutritionniste de notre équipe se fera un plaisir de vous guider vers l’atteinte de vos objectifs!
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